- courir
- Courir, act. acut. Qu'on dit aussi Courre, Tantost est simplement aller de course, Currere. Il a couru grand'erre, Longum iter cursu per egit. Tantost aller sur une beste courant. Ainsi l'on dit, Courir la Poste. Tantost poursuyvre à course de cheval quelque homme ou beste, Aliquem equi cursu persequi. Il l'a couru longuement, Diu illum citato equo insequutus est. Courir le Cerf, Ceruum equi cursu agitare, Venationi Cerui dare operam. Et se prend pour chasser, parce qu'à la chasse y a ordinairement des picqueurs pour accompagner la meute des chiens courants. Courir aussi est gaster un païs par courses hostiles. Nicole Gilles en la vie de Philippe de Valois; Ils coururent, et prindrent les Isles de Gazé, et autres ports d'Angleterre, Excursionibus vastarunt, voyez Coureurs. L'Espagnol dit aussi Correr la Herra de Moros, en cette signification.Courir aussi se prend pour estre usité et en usage commun des hommes, Assolere, comme, Cette façon d'habit ne court, Haec vestis forma in vsu esse desiit, Exsoleuit. Corn. Tac. lib. 14. Amictus Graeci, quos per eos dies plerique incesserant, tum exsoleuerant.Sçavoir bien courir, Cursu valere.Se prendre à courir, Pedes in curriculum coniicere.Courir et tracasser par cy par là, Hac illac circumcursare, Peruagari.Courir bien avant, Excurrere.Courir devant, Praecurrere, Procurrere.Courir à grand rendon dedans les ennemis, Impetum in hostes facere, Incurrere.Courir au devant de quelqu'un, Occurrere alicui. Ouid. lib. 2. de Ar. aman.Courir de tous costez, Circumcursare, Discurrere.Courir haut et bas, Decurrere sursum deorsum.Courir en diligence, Transcurrere, Curriculo celeri ire.La rente, ou arrerages, ou usure, ne courent plus, c. n'ont plus de trait. La raison en cette signification est, que les arrerages croissent avec le temps, duquel est le propre courir, Consistit vsura. Bud. ex Cic.La rente court depuis tel jour, Ducitur vsura ab eo die, etc. Bud. ex Cicer.La rente court tousjours, Procedit vsura. B.Courir les ruës, c'est estre furieux ou enragé, insensé, ou transporté de rage de mal; Car telles gents n'arrestent en nul lieu, Mente captum, Furore percitum esse, Vi morbi agi. Plaut. Pen. Haud quisquam hodie nostrum curret per vias, Neque nos populus procerritis insectabit lapidibus.Courir aussi fort qu'un homme à cheval, Equitem cursu aequare.Courir aux armes, est par chascun, qui çà, qui là, aller hastivement prendre les armes. Ce qui se fait en une soudaine alarme ou tumulte et necessité impourveuë, Aduolare, accurrere, concurrere ad arma.Courir sus à quelqu'un, proprement prins est de cours et d'eslans, {{o=deslans}} nuire et endommager aucun, Infestare, comme font les voleurs et brigands, Incursare, Impetere aliquem. Mais par catachrese il se prend pour entre-prendre sur les desseings et profits d'autruy, Alterius commodis, consiliis ac rationibus officere. Suyvant cela on dit, Courir sur le marché d'autruy, Alterius negotij gestionem interuertere, Laedere, Emptionem alterius interturbare, Difficiliorae ac magis dispendiosam concurrendo efficere, reddere.Nos gens-d'armes, et ceux des ennemis courent les uns sur les autres, Concurrunt inter se milites aduersis hastis.Courir fortune, est quand la tourmente et fortunal est sur la mer, et le navire va à grand peril et hazard où il plaist au vent et à la fortune, Iactari tempestate. Virgil. lib. 1. AEneid. Tempestatem marinam obire, Vlpian. l. 2. $. si non. ff. Siquis cautionib. Maris procellosi periculum obire. Liu. lib. 1. ab vrb. cond. Plin. lib. 18. c. 28. Car fortune et fortunal en mer, c'est tempeste de mer. La raison de cette maniere de parler est, parce qu'en tels fortunaulx le navire est contraint courir à outrance et de singlée de vent et de heurtis de oules, ainsi que Virgile au 1. de l'Eneide descrit, la fortune que courut l'armée navale d'Enée; Estant icy le mot de fortune prins pour peril et danger abusement, à cause de l'incertitude de l'issuë que le navire aura de telle tourmente. Aussi le mot de fortune est à deux envers, et en fait de tourmente de mer se prend mal. Virgil. 1. AEneid. Nunc eadem fortuna viros tot casibus actos insequitur. Et peu apres, Diuersa per aequora vectos, Forte sua Lybici tempestas appulit oris, où Servius expose, Forte sua, par Casu suo, conformément à ce que Virgile dit peu apres: Quis te, nate Dea, per tanta pericula casus insequitur?Courir danger par tourmente de mer. Aussi dit-on, courir danger, en tout essay et emprinse de hazard, pour estre en bransle et le bon et le mauvais succez, Adire discrimen. Plin. in epist. Periculum. Cic. li. 1. de fin. et crebro alibi. Terent. Andr. Fortunam. Liu. lib. 5. belli Pun. Et courir la fortune d'aucun, ou Courir fortune avec luy, pour se livrer à participer au bien et au mal qui luy peut arriver de quelque entre-prinse, Omnem fortunam adire. Liu. ibid. L'Italien dit Fortuna de mare, ainsi que Ulpian en la susdite Loy 2. Tempestas marina. Et Plin. Epist. 2. lib. 5. Turbida maris tempestas.Courir quelque escrit, est le lire couramment, et sans se beaucoup arrester à peser la diction, ne la matiere, Raptim perlegere, Percurrere legendo, Cursim legere. Plin. epist. 15. lib. 5.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.